Cette page présente ce qu'est le DADGAD, son intérêt pour l'accompagnement de nombreuses musiques traditionnelles. Elle présente ce les principales notions d'harmonies, ce que sont les modes et quelle est leur utilisation en musique bretonne et irlandaise. Un paragraphe est consacré à quelques notions d'arrangements.

Vous pouvez écouter les modes joués en cliquant sur les boutons situés sous les tablatures

 

Qu'est-ce que le DADGAD

Le DADGAD est une manière d'accorder la guitare différente de l'accordage standard (Mi La Ré Sol Si Mi ). Ici les 6 notes deviennent Ré La Ré Sol La Ré (de la corde la plus grave à la plus aiguë), ou DADGAD en notation internationale. Voilà donc le pourquoi du comment de ce nom bizarre.

 

 

Pourquoi jouer en DADGAD

Le DADGAD est un accordage intéressant pour jouer les musiques traditionnelles. Il permet par exemple de conserver une note bourdon en permanence sur tout l'arrangement, de faire sonner des accords impossibles à réaliser en accordage standard. Les principales positions de jeu, (Ré, Mi, Sol, La, Si) permettent d'avoir la totalité des cordes à vides appartenant à la gamme, ce qui permet d'enrichir ses accords.

 

 

Les modes

La façon d'être d'une gamme s'appelle un mode. Pour simplifier, un mode majeur sera caractérisé par une tierce majeure Do - Mi par exemple et la quinte juste Do - Sol. Un mode mineur sera caractérisé par la tierce mineure, Do - Mib par exemple et la quinte juste Do - Sol. Un mode majeur sonne en général d'un façon "gaie" et "enlevée" tandis que le mineur est plus "sombre" ou "mélancolique".

On repère la tonalité et le mode d'un morceau grâce à la tonique (ou fondamentale), note principale et centre de gravité du morceau. Dans l'harmonie traditionnelle, seul l'accord parfait (fondamentale+tierce+quinte) construit sur la tonique donne le sentiment de repos (Généralement l'accord qu'on laisse sonner à la fin et sur lequel on commence). Contrairement à la dominante (quinte de l'accord fondamental) et à la sensible qui sont des notes dynamiques, annonciatrices d'une tonique, cette dernière est parfaitement statique.

La sensible est la septième majeure de la fondamentale ou encore la tierce majeure de la dominante. (Si si la tonique est Do) La musique traditionnelle bretonne et plus généralement celtique utilise souvent le mode mineur sans sensible, la septième de la tonique reste mineure. (si la tonique est Ré, sa septième est Do). La dominante est le 5ème degré de la gamme diatonique, ou quinte juste de la tonique (si la tonique est Do, la dominante est Sol). Elle est une note centrale de la gamme.

(Dans les lignes qui suivent, l'accord placé à la fin de la tablature est l'accord parfait issu de la fondamentale et qui donne son nom à la gamme)

Mode majeur

autrement appelé mode ionien

Gamme de Do :

Si on applique cette gamme sur la guitare (Ré Majeur) (les tablatures sont en DADGAD) :

Entendre la gamme

N.B : toute gamme ou tout mode peut être transposé dans les 12 tons de la gamme chromatique.

 

Mode mineur mélodique

Si on commence la gamme précédente par la deuxième note on obtient :

(Gamme de Ré m)

On obtient alors un mode mineur appelé mode de Ré ou mode dorien. Il est souvent utilisé en musique bretonne et celtique. Ex : Marche de Roskonval (Soïg Sibéril, Réf. : "Entre ardoises et granit" Coop Breizh GWP013)

 

Sur la guitare : (Ré mode dorien)

Mode de Mi

Si l’on commence la gamme par le IIIème degré, on obtient le mode phrygien ou mode de Mi encore appelé gamme non tempérée (souvent utilisé dans le pays vannetais (Kas a barh) et par Roland Becker). C'est un mode mineur

Sur la guitare : Ré m mode de mi

Mode mixolydien

Si l’on commence la gamme majeure par le Vème degré, on obtient le mode de Sol ou mode mixolydien (encore appelé gamme dominante) qui est majeur mais possède une 7ème mineure : Il est souvent utilisé en musique écossaise. Exemple : Scottish jig (Soïg Sibéril, Réf. : "Entre ardoises et granit" Coop Breizh GWP013)

Sur la guitare : La M

Sur la guitare : Ré M

Le mode mineur harmonique

Si on commence la gamme par le VIème degré on obtient un mode mineur avec une 7ème mineure (aussi appelé mode éolien). C'est le mode mineur le plus utilisé dans la musique "contemporaine".

Sur la guitare : Ré m

Mineur, Majeur ?

Un accord, une gamme, un mode est Majeur s’il possède une tierce Majeure, et est mineur s’il possède une tierce mineure. Un accord sans tierce est ambigu et peut s’utiliser dans un mode majeur ou mineur. On parle alors d’accord modal. L'accordage DADGAD permet de réaliser facilement ces accords adaptés aux musiques traditionnelles.

N.B : sur la guitare DADGAD sans capo, les grilles d'accords plaisantes à jouer et qui sonnent facilement sont limitées. On reste dans une petite étendue de modes ou de gammes :

Grâce au Capo, cette petite étendue se trouve agrandie.

 

Quels accords utiliser ?

Pour connaître les accords à utiliser sur un mode ou une gamme, il faut prendre les notes de cette gamme et les empiler en tierces (une note sur deux)

Ex : en Ré m mélodique:

N.B : Tous les accords ne sont pas faciles à faire sonner (Si m 5b dans ce cas), tout au moins en musique traditionnelle... Il est toutefois possible de placer un Si dans la grille d'accords en omettant sa quinte.

 

Cela dit, sur la guitare DADGAD, il est intéressant d’utiliser les possibilités des cordes à vide (qui permettent d'enrichir les accords avec des quartes, septièmes, neuvièmes, etc. facilement).

Enfin, pour chaque mode, on retrouve des suites d’accords types qui reviennent dans la majorité des morceaux (ou des enchaînements d’accords tels que II-V ou IV-V etc.)

 

Application à un instrument diatonique

Une bombarde en Sib peut jouer principalement en : Sib M, Do m, Ré (oriental), et selon l'ambitus du morceau en Mib M, Fa M et Sol m

 

 

Gammes, modes, tonalités
Le tableau suivant permet de savoir quels accords il est possible d'utiliser en fonction de la tonalité de l'air qui est joué. Les lignes jaunes correspondent aux positions d'accords les plus pratiques et répandues sur la guitare DADGAD.

Il est utile aussi pour effectuer des transpositions.

Exemples :

DEGRE

I

II

III

IV

V

VI

VII

X (7M) 4/6/9

X m (7) 4/6/9 X m (7) 4 X (7M) 6/9 X (7) 4/6/9 Xm (7) 4/9 Xm(5b7)

Do

Ré m

Mi m

Fa

Sol

La m

Si m

b

Mib m

Fa m

Solb

Lab

Sib m

Do m

Mi m

Fa# m

Sol

La

Si m

Do# m

Mib

Fa m

Sol m

Lab

Sib

Do m

Ré m

mi

Fa# m

Sol# m

La

Si

Do# m

# m

Fa

Sol m

La m

Sib

Do

Ré m

Mi m

Fa#

Sol# m

La#m

Si

Do#

# m

Fa m

Sol

La m

Si m

Do

Mi m

Fa# m

Lab

Sib m

Do m

b

Mib

Fa m

Sol m

La

Si m

Do# m

Mi

Fa# m

Sol# m

Sib

Do m

Ré m

Mib

Fa

Sol m

La m

Si

Do# m

# m

Mi

Fa#

Sol# m

La# m

 

 

Les arrangements

Ce paragraphe n'est pas une liste de recettes miracles pour arranger des morceaux, mais donne quelques conseils de base, sachant que chaque suite d'airs a ses caractéristiques et qu'il est bon de chercher à être original.

Tout d’abord, avant l’aménagement à proprement parler du morceau, il y a la construction de ce morceau : une suite de thèmes, une progression qui passera par plusieurs tonalités.

Il n’y a pas vraiment de recette pour l’assemblage des thèmes, ils iront d’autant plus ensemble qu’ils seront du même pays ou de la même région (ex : gavotte montagne, Aven etc.)

Il est intéressant de changer de tonalité à chaque thème, la monotonie étant souvent amenée par la linéarité de la tonalité

On peut faire ces divers enchaînements : I-II ; II-V  ; V-I ; V-II ; II-VI ; etc.

Il faut savoir que quand la tonalité vers laquelle on se dirige est éloignée (ex :II-V) l’effet est brusque, alors que quand elle est proche, le passage se fait plus doucement.

Le nombre de thèmes varie en fonction des danses : dans un ton simpl (gavotte, plinn etc.), on pourra en insérer 2 voire 3. Dans un ton doubl (généralement plus long) on en mettra plutôt 3. Il faut cependant garder un fil conducteur, et on est souvent amené à reprendre le thème du début (A-B-C-A)…

Dans les danses telles que Ridée, An Dro, on peut aller jusqu’à trois thèmes. Mais si le premier fonctionne bien, pourquoi ne pas rester dessus et varier les arrangements ?

 

En effet, c’est là que les arrangements entrent en jeu :

On trouve plusieurs facteurs :

L’énergie est fortement conditionnée par le nombre de personnes jouant (bombarde jouant ou non), l’accompagnement (battue énergique, arpèges à la guitare). Mais elle peut être entraînée par des petits trucs :

Après une modulation, le thème sera joué sans accompagnement plusieurs fois, juste par un couple de sonneurs par exemple, l’entrée de l’accompagnement se faisant plus tard, sur le même ou sur un nouveau thème.

Le sonneur principal est souvent responsable de la spontanéité du morceau : il doit broder sur l'air ou remplir (par exemple, tenir la fondamentale dans l’aiguë pendant le diskan)

L’arrangement peut contenir des mises en place (4 temps de vide à la fin d’un thème pour revenir de plus belle sur un nouveau thème)…

Il faut aussi varier l’instrumentation et les arrangements d’accompagnement sur chaque thème (voire sur le même thème)

Exemple : thème A : bombarde, flûte, guitare (arpèges), violon

thème B : flûte, guitare (arpèges), violon

thème C : bombarde, flûte, guitare (accords)

On peut de plus jouer avec l’intensité (< >) et ne pas hésiter à composer des transitions (guitare seule, petite impro de violon etc.)

Un élément important est l’introduction des morceaux : on peut commencer à tracer une trame sur laquelle viendra se greffer le thème. On peut aussi débuter le morceau par une mélodie (flûte, bombarde, etc.) en gardant ce tapis rythmique.

Il faut toujours penser à la danse : Plinn, An Dro peuvent être répétitifs et plus lourds dans les arrangements. Scottish, Ridées, etc. doivent être plus légères.

Petit truc : ne pas hésiter à insérer des contrechants (par exemple jouer l'air à la tierce, à la sixte avec quelques ornements...)

 

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